Raf Depuydt, une vie aux courses

Raf Depuydt c’est un peu l’histoire des courses dans notre pays. Il impressionne par sa longévité au même titre qu’un Jean Pierre Dubois en France. Toujours bon pied, bon oeil, discret dans les écuries, humble, il entame à 78 ans sa soixante cinquième année dans les pelotons sur les pistes de trot. Et de sa passion, ce sont plusieurs générations qu’il va initier entraînant dans son sillage toute sa famille dans le métier à commencer par le regretté Rik Depuydt son frère.

Raf, revenons au début.

J’ai commencé à monter en courses au petit champs alors que j’avais 13 ans. Mon père achetait des chevaux au marché à Bruxelles. A 9 ans, j’ai fait du jumping. Il avait acheté deux galopeurs et nous faisions cette discipline avec. Mais à 13 ans donc j’ai été vers les courses. C’était alors chez le grand père de Sven Hoste. Et dès l’age de 14 ans, j’ai monté en course sur les hippodromes officiels. Je n’ai dû arrêter que pour faire l’armée et dès que je suis rentré à 21 ans je me suis installé à mon compte comme entraîneur.

Derrière vous, ce sont plusieurs générations qui ont fait le métier dans la famille.

Mon frère Rik a 11 ans de moins que moi. J’étais en quelque sorte son modèle. Je lui ai tout appris puisque avec la différence d’âge et m’étant installé très tôt entraîneur, il venait à la maison à l’entraînement. Ensuite c’est vrai qu’il y a le fils de ma soeur qui s’y est mis à savoir Jo Corbanie. Et puis il y a aussi mon petit fils Massimo Arickx qui est le fils de ma fille qui est aussi dans les courses.

Vous avez vu passer un grand nombres de chevaux.

A l’entraînement j’ai eu jusque une cinquantaine de chevaux à la maison. Je n’ai pas forcément eu les cracks en Belgique mais j’ai quand même gagné à Vincennes une fois avec DAVIOLI à la fin des années 80. Je n’avais pas les chevaux pour la France mais plus pour la Belgique. J’avais souvent les chevaux plus difficiles ou les second choix. Il faut dire qu’il y avait Gilbert Martens puis Gérard Vergaerde et quelques autres. De ce fait, je n’ai jamais été sulky d’or mais j’ai bien été vingt cinq fois deuxième au classement. C’est la vie, c’est comme cela et cela ne m’a jamais atteint.

Forcément avec le temps vous avez réduit la voilure J’ai actuellement deux chevaux à la maison. Je les entraîne soit chez Luc Roelens soit chez Filip Ghekière. Il y a FILS DU NIL qui court ce mercredi. Il n’est vraiment pas facile au départ. Avec lui il ne faut pas aller trop vite ni coller aux ailes de la voiture sinon il fait la faute. Une fois les cinq cents premiers mètres passés tout va mieux. C’est pour cela que je perds toujours du terrain au début. C’est un cheval qui n’a pas beaucoup de classe mais en revanche il a un fond énorme. C’est d’ailleurs le dernier cheval que j’ai acheté à Rick juste avant sa disparition survenue quelques jours plus tard. J’ai également PRINCE CANTHIS en association. Actuellement, il est à l’arrêt pour trois ou quatre mois car il s’est donné un coup à un pied en prairie. Mais c’est un bon cheval en devenir et lorsqu’il reviendra il sera à suivre. J’ai également le frère de PRINCE CANTHIS que je viens de qualifier la semaine dernière. Il se nomme SPECIMEN CANTHIS (Cash Gamble par Fleur Canthis qualifié en 1.22.2 le 15 mai).

Comment voyez vous l’avenir ?

Je continuerai jusqu’au bout avec les chevaux tant que la santé est là. Il n’y a qu’une chose qui vraiment fait  tout arrêter. C’est l’accident de mon fils Dominique survenu en 1988 qu’il a eu en course à Waregem. Il était alors champion des apprentis. Vu la gravité des choses, j’ai décidé de tout arrêter car nous avions également un commerce et nous ne pouvions faire les deux activités de front et s’occuper de Dominique. J’ai alors tout vendu, les chevaux mais aussi l’établissement à Luc Roelens. Et puis avec le temps, je suis revenu dans les chevaux.